Collection
Transouralienne de dagues et couteaux
Par
delà la diversité des dagues et couteaux de l'Eurasie, ce qui nous
intéresse, c'est leur unité.Si bien que nous avons réunis dans
cette gamme transouralienne, des dagues et couteaux déjà existants,
éventuellement modifiés ou dérivés et des modèles spécifiques
dont les tendances nous semblent concordantes.
Vers
une vision renouvelée du couteau
L'Europe
, notre continent , ne doit son appellation qu'à l'antique
convention d'usage qui voit en l'Oural une barrière sérieuse ,
alors que son altitude médiocre (1894 m en son point culminant)
n'est en rien un obstacle, si bien que le continent réel est en fait
l'Eurasie.
A
l'ère d'une prise de conscience mondiale des dimensions modestes de
notre planète, il nous a semblé intéressant de passer outre cette
frontière en intégrant dans cette nouvelle collection de dagues et
couteaux transouralienne ce que nous discernons des tendances
eurasiatiques vues d'ici.
Les
sources
Diverses
rencontres ont contribué à mettre en lumière les analogies qui
relient l'Occident à l'Orient.
Dans
les années d'après-guerre un copain a déniché dans une sous-pente
de la forge de son grand-père, maréchal ferrant, un sabre cosaque,
version troupe, qui m'a fortement impressionné. Hélas l'objet a
terminé sa carrière sous forme de fer à rogner les sabots de
chevaux, mais son esthétique
eurasiatique
me reste en mémoire. Plus
tard j'ai pu voir de près un authentique kukri chez Alexandra
David-Neel à Dignes.
Plus
tard encore Jean-Paul Desroches, un ami du musée Guimet a conduit
une mission de fouilles archéologiques en Mongolie qui a trouvé et
proposé des éléments de connaissances nouveaux sur le premier
empire des steppes tandis que...
Iaroslav
Lebedynsky par ses livres nous fait connaître les armes blanches des
scythes et des sarmates,nomades qui ont peuplé les steppes d'Europe
et d'Asie du 9ème siècle avant J.C. Au 4ème après.
Les modèles
¤
Taïga Librement inspiré des lignes d'une Chachka
cosaque (sabre sans garde traditionnel dans tout l'empire russe) , ce
couteau a été conçu pour les coureurs de bois et chasseurs en
pensant à Vladimir Arsenief et Dersou Ouzala pris dans une tourmente
de neige sur le lac Hanka dont l'instrument de leur survie a été un
bon couteau et à un client parti en voyage de chasse au
Kamtchatka...
Tous les territoires, qu'on les fréquente pour la chasse, l'aventure ou l'exploration à but scientifique, présentent des contraintes climatiques éprouvantes dont il faut tenir compte. C'est la raison pour laquelle la prise en main du "Taïga" a été particulièrement optimisée et en évitant soigneusement toute arête vive.
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¤Steppe
Ce petit couteau propose une synthèse de lames domestiques
scythes. Tout en conservant les principes énoncés ci-dessus , ce
« Steppe » n'a d'autre ambition que d'être le compagnon
permanent des usagers de la nature , tant pour marier le fromage au
pain que pour faire face aux nécessités de terrains contingentes
qui peuvent devenir impérieuses et parfois même vitales.
¤Shanghaï
La Chine des années 30 bruisse d'une quantité de
courants politico-idéologiques plus ou moins violents, notamment à
Shanghaï comme le montre la Condition humaine d'André Malraux, au
sein d'un empire divisé (Tchang Kaï-Chek - Mao Tse-Toung).
Plusieurs
pays occidentaux y entretiennent des troupes pour soutenir le pouvoir
légal tout en cherchant à conserver les acquis des concessions,
dans un climat de guerre civile ( La canonnière du Yang Tsé,
Shanghaï Express), tandis que simultanément le pays doit faire face
à la guerre étrangère contre le Japon (Le Sorgho rouge) qui a
annexé la Mandchourie, qui a perpétré des massacres odieux à
Nankin et ailleurs et qui poursuit une guerre de conquête ambitieuse
tout en souhaitant promouvoir sa sphère de coprospérité asiatique.
Dans
ce contexte troublé et pesant, chaque militaire occidental ,cible
potentielle d'une agression individuelle sournoise, est tenu de
prendre en main sa sûreté personnelle et de s'équiper d'une dague
portée discrètement sous la veste, pointe en haut.
L'artisanat
local a produit de nombreux modèles d'esthétique plus ou moins
réussie.
Je
me suis inspiré pour cette dague « Shanghaï » d'un
modèle fabriqué dans la Chine de 1937 et détenue par un vétéran
de la 4ème division de l'US Marine Corps en mission à Tien-Tsin.
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¤Tinée Ce
couteau, proposé depuis quelque temps déjà, reprend nos lignes
classiques tout en l'orientant vers un usage de chasse en moyenne
montagne comme par exemple dans l'arrière pays niçois, d'où son
nom. Alors qu'il présente les caractéristiques confortables d'une
destination chasse traditionnelle, l'optimisation de ce couteau
réside dans son allègement parce que la chasse en montagne impose
de gravir les sommets ou au contraire de descendre dans les profonds
talwegs épuisants du Pamir, de l'Altaï ou d'autres massifs
montagneux. Ici aussi, « le poids, c'est l'ennemi »
¤Oural
Cette petite dague est l'autre réponse tranchante à une
situation où la présence d'un bon et solide couteau ne s'impose
pas. Par
exemple les scientifiques qui étudient la canopée guyanaise sont
plongés dans un univers sylvestre plus ou moins hostile dans lequel
le porteur doit pouvoir faire face à une menace humaine, animale ou
végétale contingente et urgente. C'est la raison pour laquelle cette dague, en capacité de servir d'estoc et de taille, a reçu une configuration trapue et des gorges décalées à l'exemple des kindjals caucasiens et de certaines dagues russes du 19ème siècle très appréciées de Michel Strogoff... PHOTO EN COURS
¤Golok
Les couteaux de jungle (parang, bolo, golok, dha) sont
indispensables pour les hommes de terrain qui doivent se colleter
avec la nature avant que d'affronter les contingences humaines
souvent hostiles.
S'il
est vrai que de la Terre de feu aux USA tout le monde porte une
machette à lame très longue (environ 650mm), dans l'Asie du Sud-Est
les lames se font en général plus courtes parce que ces couteaux
sont aussi des instruments domestiques d'usage universel, par
conséquent culinaire.
Il
faut voir la dextérité des autochtones à débiter et tailler le
bambou, matière première inépuisable des zones tropicales, pour
produire des quantités d'objets utilitaires.
Il
est curieux de constater que les dotations militaires présentent une
grande disparité dans les longueurs de lame en fonction des théatres
occasionnels dans lesquels les troupes opèrent en même temps que
de voir les lames les plus mesurées servir à tout, au point d'être
considérées comme des couteaux de survie type. C'est la raison pour laquelle nous avons raccourci notre "parang" comme les armées anglaises l'ont fait avec le leur, pour en arriver au Golok décliné en plusieurs épaisseurs, en fonction de la dominante du terrain de l'action.
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¤Ordo
Cette puissante dague de chasse s'inspire de son
homologue conservée au Musée Guimet. Malgré son antiquité d'à
peine 24 siècles, elle est d'une étrange modernité et n'est pas
sans rappeler les lames de nos fortes épées des 17éme et 18éme
siècles . Elle provient de cette région de la boucle du fleuve
jaune (Hoang ho) qu'on appelle ordos, sous influence
sino-mongolo-thibétaine. La vocation de cette ordo est de servir le
grand gibier tant sous nos latitudes que dans tous les territoires de
chasses où les grands animaux sont vigoureux et coriaces.
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Phu Cette hachette fait la synthèse de diverses influences: Celle de l'instrument tranchant que maniait avec une aisance remarquable le vieux couvreur coupant les chevrons du toit en réfection face à la cour d'école vers 1948-1950. Cette hachette de facture locale était en acier monobloc, pourvue d'une poignée en rondelles de cuir, tranchait à la perfection et sa ligne était originale. Celle de l'esthétique des outils à main présenté au pavillon japonais de l'Exposition Universelle de Bruxelles en 1958. celle issue de discussions avec mon professeur de judo vietnamien, disciple du "Fils de la rizière" (le célèbre colonel franco-vietnamien jean Leroy) et grand connaisseur des arts martiaux traditionnels vietnamiens d'où le nom de cette hachette revue selon le code 3.4.5.9 et surtout celle, dominante, de quelques piolets modernes de haute montagne.
Cette hachette est l'outil forestier indispensable des randonneurs et coureurs de bois lorsqu'il s'agit de traiter les bois très durs, secs ou morts tandis que les lames minces des couteaux de jungle font merveille dans la verdure luxuriante et / ou épineuse.
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Bibliographie
-Cut and Thrust Weapons Eduard Wagner Springs book 1967
-A Glossary of the construction, Decoration and use Arms and Armor George Cameron Stone Jack Brussel 1934
-Mongolie le 1er Empire des steppes
Mission Archéologique Française en Mongolie Jean Paul Desroches Commissaire Musée des Arts Asiatique – Guimet Actes-Sud 2003
- De l'épée scythe au sabre mongol Iaroslav Lebedynsky Editions Errance 2008
- Armes et guerriers du Caucase Iaroslav Lebedynsky L'Harmattan 2008
-Indian and Oriental Armour Lord Egerton of Tatton MA Published in London 1896 Reprint Starkpole Books 1968
-Keris and other Malay Weapons G.B. Gardner Progressive Publishing Company Singapore 1936 Reprint EP Publishing Ltd 1973
La fabrication des armes blanches militaires française au XVIIIème siècle M.Petard et C.Aries Edition Christian Aries 1973
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