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JEAN TANAZACQ
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Le couteau au combat
© 2013
  • Le couteau au combat

La notion de couteau de combat est ambigüe car elle recouvre au moins trois réalités assez différentes :

- Il peut s'agir, et c'est le cas le plus général de couteaux que l'on emmène sur soi au combat et que l'on utilise pour les multiples usages de la vie en campagne, couper des branches, des liens, ouvrir des caisses, des boîtes de conserve, etc ... C'est l'outil plus ou moins tranchant d'usage courant.

- Il peut s'agir exceptionnellement de l'usage classique, mais rare, consistant à tuer un ennemi par surprise dans le cadre d'une opération que l'on appelle un coup de main (voir les Canons de Navarone par exemple).

- Plus exceptionnellement encore, il peut s'agir d'affrontement face à face au couteau, ce qui est une situation rare, imprévue, contingente. Il existe des écoles d'art martiaux dont il convient de se rapprocher en cas d'intérêt, mais on ne voit jamais quel peut-être le résultat de ce type de confrontation.

C'est la raison pour laquelle j'apporte mon témoignage sur les effets d'un coup de couteau reçu, mais ici hors combat.

Pour une exposition, j'étais pressé d'affûter un MK2 long et, par inadvertance, j'ai mis ma polisseuse à bande en route dans le mauvais sens sans m'en apercevoir. Au lieu d'être entraîné vers le bas, la lame l'a été vers le haut et m'a sauté à la figure avec vigueur. J'ai pris un grand choc douloureux dans le visage et le sang a jailli. Passé l'instant de sidération, j'ai réalisé quelle était ma part de chance dans cette difficulté, le point d'impact se situant entre la carotide et l'œil. J'ai mis un gant de toilette sur l'endroit douloureux en guise de pansement compressif parce qu'il y avait du sang partout, et après un certain temps de reprise en main, j'ai tenté d'évaluer les dégâts. J'avais l'aile droite du nez tranchée et une dent qui me faisait souffrir à l'intérieur de la gencive. Du sang m'arrivait dans la gorge que je crachais quand je pouvais ou que j'avalais la plupart du temps.

Arrivé aux urgences, où il n'y avait pas même un siège pour s'asseoir, une infirmière m'a jeté un coup d'œil distrait et pressé, puis s'en est allée.

Plusieurs heures après une interne m'a prodigué des soins, essentiellement une dizaine de points, puis on m'a orienté en ORL dans une chambre à deux.

Peu après, me sentant fort mal, j'ai essayé d'aller aux toilettes et .... j'ai repris connaissance au moment ou trois infirmières finissaient de me remettre au lit.

En réalité, ce que le personnel hospitalier n'avait pas détecté c'est que j'avais perdu beaucoup plus de sang qu'il n'y paraissait, l'hémorragie étant interne.
J'ai été hospitalisé quatre jours, mais j'ai mis un mois à m'en remettre complètement. Il a fallu faire sauter la dent déchaussée sans même user d'explosif et la remplacer par un superbe accessoire amovible.

Si l'on transpose cette blessure sur un théâtre d'opération dépourvu d'antenne chirurgicale, comme c'est presque toujours le cas dans les guerres non conventionnelles, on se doute que l'absence de soins orienterait plus vers la mort rapide que vers la vie.