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JEAN TANAZACQ
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Petites chroniques historiques
© 2013
  1. PETITE CHRONIQUE HISTORIQUE


C'est par et pendant la guerre (de 39-45) que j'ai pris contact avec le couteau.

En effet, ma grand-mère abritait contre son gré, dans sa vaste demeure et dans son parc, à peu près une cinquantaine de uhlans nouvelle manière, leur impédimenta et leurs armes dont ils m'avaient donné par jeu (à cinq ans) une initiation précoce.

L'idée qui hantait bon nombre d'esprits à cette époque était d'obéir au mot d'ordre ambiant lancé par les F.T.P. de Charles Tillon, et, tenter de réduire la troupe d'invasion d'une unité chacun.

Dans mon cas les armes étaient facilement accessibles, mais bruyantes, tandis que l'arme blanche était l'arme discrète et silencieuse par excellence.

Les quelques essais d'estoc contre un arbre réalisés avec une baïonnette de Mauser m'ont convaincu très vite que je n'avais ni l'âge, ni la taille pour ce type d'opération à sanction immédiate et que la sagesse imposait d'attendre et de voir venir.

Peu après, les américains étaient là et grâce au gîte d'une nuit offert à deux GI'S par mon père, j'ai pu faire connaissance avec le couteau de tranchée USM3 auquel je ne peux penser encore maintenant après toutes ces années passées, sans en ressentir une forte émotion.

Dans l'après-guerre, alors que gamin en culottes courtes je mettais à profit les moments de loisir que me laissait l'école pour courir les bois avec quelques copains, je n'avais de cesse de me procurer, quand je n'en avais pas ou que je l'avais perdu, un bon et solide couteau qui allait rejoindre dans ma poche, profonde comme une besace, la ficelle beaucoup plus facile à trouver.

Il convenait d'affûter soigneusement ces couteaux pour tailler les branches, composant arcs, flèches et lance-pierres, mais hélas il était nécessaire parfois de suer sang et eau pour les ouvrir, ou alors au contraire ils se refermaient intempestivement sur nos doigts, y laissant un souvenir cruel, profond et sanglant.

Il fallait autre chose.

L'idéal aurait été de transformer une baïonnette allemande en un solide couteau, mais personne ici n'avait ni la technique, ni l'outillage pour y parvenir.

J'ai donc décidé de m'y atteler moi-même. J'ai fait de nombreux essais de forgeage avec des petites limes usagées comme matière première en les chauffant dans le pot de la cuisinière, mais l'acier brûlait ou cassait du fait que je ne maitrisais pas les opérations de forgeage et de trempe.

Alors que le cliquetis des armes avait quitté le théâtre européen au profit du Théâtre d'Opérations Extérieures dans cette Indochine qui me faisait rêver, j'entrais au

 


collège technique en Octobre 1953.

En quelques semaines, avec ma première lime usée et un questionnement insistant me fournissant les réponses technologiques que j'attendais, j'ai entrepris la réalisation du premier couteau, qui me reste, sur la base du mythique USM3, mais en plus charpenté en vue d'achever sangliers et chevreuils dans la chasse où j'étais traqueur.

Début Mai 1954, j'étais prêt,

c'était Dien Bien Phu.

Bien qu'interne au collège, j'ai continué à m'intéresser aux campagnes militaires d'Asie, à la chasse et aux aventures des autres.

Si bien que j'ai dessiné de nombreux modèles de couteaux avec l'arrière pensée qu'un jour peut-être cela pourrait servir tant à des utilisateurs potentiels qu'à la création éventuelle d'une entreprise de fabrication.

Une double préoccupation m'animait :

- Concevoir des lames de terrain solides, tranchantes et sans entretien à destination de tous les théâtres de guerre ,de tous les territoires de chasse et d'aventure du monde.

- Et présenter des lignes 'inspirées", "terme apparemment saisissable dont l'insaisissable est le terme".

Comme pour les voitures automobiles ou les robes de haute couture - car les métiers de la mode m'auraient sans doute attiré en d'autres circonstances - les besoins étant divers, les modèles doivent l'être aussi, d'où la réalisation de plusieurs familles de produits dont chacun peut avoir des fonctions polyvalentes tout en présentant une dominante "chasse", "militaire" ou autre.

Par exemple la gamme des "Tronçay" manifeste une dominante "chasse" tout en étant utile ailleurs.

Bien plus tard, après le cursus d'une école d'ingénieur (l'INSA de Lyon), du service militaire en tant que sous-lieutenant d'infanterie en Allemagne, de divers emplois en grande et moyenne industrie, puis d'un poste de contractuel de l'état, ayant réuni expérience et expérimentation, j'entrais en coutellerie en Septembre 1980.